CLUNY IV Une relecture ornementale

Derrière un titre aux accents provocateurs, plane la question de l’héritage de la Maior Ecclesia, aussi appelé Cluny III, ou la troisième édification d’une église abbatiale qui restera pendant des siècles le plus grand monument de la chrétienté, diffusant son style à travers toute l’Europe. Après des décennies de recherches scientifiques et archéologiques, l’idée que nous pouvons nous faire de cette quintessence de l’art roman n’a sans doute jamais été aussi claire. Pourtant, elle reste perfectible et incomplète sur au moins un aspect : la polychromie. En effet, si un large corpus de sculptures romanes a pu parvenir jusqu’à nous, les décors peints qu’elles portaient ont souvent hélas disparus ou ont été altérés, sous l’action du temps et de la main de l’homme.

Ces vestiges, ayant inspiré les réinterprétations audacieuses de Viollet-le-Duc avant de porter les restaurations les plus rigoureuses, ont-ils encore quelque chose à nous dire aujourd’hui ?

L’exposition Cluny IV choisit de se hisser sur cette part de l’Histoire pour offrir une relecture, tout autant artistique qu’historique, des décors sculptés clunisiens.
Cette mise en lumière et en couleur, exécutée par quatre protagonistes, deux artisans et deux designers, interroge le lien unissant Patrimoine et Création, deux notions en apparence contradictoires mais qui ont cependant toujours fonctionné de concert.